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Photo du rédacteurMCBA

Confinement semaine 3 jour2

Passé à la chaux le fond de la cheminée.Grand soleil toute la journée!


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confinement semaine 3 jour 1

Aujourd’hui, presque rien. Posté avec un jour de retard la lettre d’Annie Ernaux, Yvon, qui m’a sauvé la vie hier où il faisait très froid alors que je n’avais plus de bois coupé (il était venu m’en apporter, et aujourd’hui Yvon est repassé reprendre les bois trop long et poser du bois coupé pour mon poêle), fait un café pour mon couvreur et son acolyte qui n’est autre que le fils de Dimitri (que je ne connais pas mais dont tout le monde me parle), fait un gratin de légumes avec un œuf d’oie offert par Marie-Laurence, gravé deux morceaux de lino, préparé deux petites « fonds » au pastel gras sur papier à grain, avancé en deux fois 3 rangs de tricot (les manches d’un pull commencé il y a au moins 15 ans, retrouvé récemment), essayé plusieurs fois de me mettre à réécrire un des textes de « qu’est-ce qui se trame ? », constaté que je n’ai pas de réponse du Maire de Magnat pour ma proposition de donner in ordinateur portable, bricolé dans l’abri de Jardin une petite heure, joué un tout petit peu d’accordéon diatonique, lu mes mails, répondu à très peu appelé Djamel. Je suis HS. Bye !

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14ème jour ( ou plutôt lendemain matin

Confinement semaine 2 jour 7 . France culture a demandé à des artistes durant le confinement d’écrire une lettre ç la personne de leur choix et chaque jour une lettre d’artiste est lue


Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous

qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque

chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954,

entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le

proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas

notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les

différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre.

Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les

respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de

scientifiques, de soignants. Or depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté

sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on pouvait lire sur

la banderole d’une manif en novembre dernier -L’état compte ses sous, on

comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré

écouter ceux qui prônent le désengagement de l’État, préconisant l’optimisation

des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu

de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services

publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du

pays : les hôpitaux, l’Éducation nationale et ses milliers de professeurs,

d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont,

naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui

continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des

pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie

matérielle.

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un

traumatisme. Nous n’en sommes pas là. Prenez garde, Monsieur le Président,

aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses.

C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un

nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers

reprennent déjà sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures

par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont

l’épidémie révèle les inégalités criantes, Nombreux à vouloir au contraire un

monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger,

s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités

actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que

nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne

vaut la vie » - chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos

libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre –

contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les

ondes d’une radio nationale.

Annie Ernaux »


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