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  • Photo du rédacteurMCBA

Confinement jour 4

Début d’inventaire de ce qui n’existe pas ou plus (vue de ma fenêtre creusoise)

- Le marché de Felletin, mythique et plein de promesses, de producteurs Bio, de jeunes qui repeuplent la campagne, de vieux qui soutiennent la vie des villages, de rencontres et de bavardages à l’heure de l’apéro au « grand café » ,

- les boutiques ouvertes, à part le pharmacien, inter marché et carrefour express, carrément triste !

- les contacts avec les voisins, on se téléphone pour franchir les quelques mètres qui nous séparent,

- les interjections bruyantes entre habitants de Magnat, un genre de « alors ? » guttural lancé pour arrêter une voiture ou laisser s’en venir un piéton ; cela signifie approximativement « arrête-toi qu’on cause un peu », cela peut stopper deux à cinq ou six voitures au carrefour devant chez moi,

- les « nouvelles » n’ont plus d’images, elles passent par la radio et sont plus abstraites,

- les bruits de moteurs, tracteurs, 4X4, voitures, voiturettes,

- le canon et les explosifs du Camp de la Courtine qui font trembler les maisons et laissent penser qu’effectivement « nous sommes en guerre »

- les cris des enfants dans la cour de récréation,

- une certaine légèreté de l’être, quelque chose comme de l’insouciance…



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Confinement : Jour 3 bis

Vous aurez peut-être remarqué que j’ai un jour de décalage sur le confinement, c’est que j’ai nommé 1 le jour 0. Et pourquoi ? Pour rien, par inadvertance.

L’avantage de cette période est qu’elle stimule notre créativité pour vivre autrement.

Anne-Marie nous envoie un guide du routard spécial appartement, Jeanne propose 700 films rares ,Danielle y voit l’occasion de faire tout ce qu’on néglige de faire ou dire habituellement, on redécouvre qu’il y a des oiseaux qui chantent, Christine propose un skypapéro, Djamel relit « les villes invisibles » d’Italo Calvino, Renée conseille le jardinage pour s’assurer que ses courbatures ne sont pas virales, Marie-France relit « la peste » de Camus, Norbert conseille Marcel Aymé et Daniel Pennac, chanter l’Internationale permet de se laver les mains en 30 secondes, Christine (une autre) annonce que « Le ministère de la Culture débloque 22M€ d'aides d'urgence, dont 5M€ pour le livre »...

Cela tombe bien car nous avons (enfin) une librairie à Nanterre ; nous avions perdu la librairie du centre « au grillon » l’été 2016 avec le décès brutal de Didier le libraire, et pendant 4 ans, rien. Et puis la nouvelle tombe qu’une librairie serait ouverte à Nanterre-Université, par deux femmes ; elles ont ouvert jeudi dernier, nous y sommes allés vendredi, elles ont dû fermer samedi… Triste !

Et à Magnat l’Étrange ? La pièce à vivre est un champ de bataille. J’ai commencé un chantier gravure épuisant. Le chantier toiture continue. j’ai une vraie adresse : 20 chemin de la ceinture !

Anne-marie (une autre)

a envoyé cette pensée de Carl Gustav Jung : «Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie»

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Confinement jour 1:

C’était juste de la rébellion contre la situation de me retrouvée confinée, sans même pouvoir aller à l’atelier de gravure. Du coup, je décide de devancer mon départ dans la Creuse au lundi 16 mars au lieu du 20.

1er indice: le train ne va pas au delà de Guéret. Je devrais dire les trains dont les correspondances s’enchaînent pour faire le seul trajet possible de la journée jusqu’à Felletin où est garée ma voiture. Le lendemain,il n’y a pas de train du tout. La veille non plus, donc je prends le train 3621 pour Limoges avec changement pour un TER jusqu’à Guéret où j’espère trouver un bus jusqu’à Felletin . Quand je dis « j’espère » je veux dire qu’il existe sur le papier et sur la toile, mais cela ne signifie pas qu’il existe dans le monde réel.

2ème indice : le train de Limoges annonce 29 minutes de retard à Issoudun, plus d’annonces ensuite, je pense naïvement qu’il a récupéré son retard. A la Souterraine, ou bien ma montre va plus vite que le temps, ou bien il a accentué son retard à 3/4 d’heure.

Je prends contact avec une contrôleuse qui part se renseigner. Je mets un SMS a Djamel qui se renseigne...

3ème indice : Au moment de descendre du train à Limoges un message est passé à tous les voyageurs annonçant que je dois prendre un car pour Guéret où je trouverai un train ; le bus pour Guéret a été retenu juste pour moi. Evidemment ma valise étant très lourde je ne peux pas courir, je ne trouve pas tout de suite la gare routière. Bref il m’attend effectivement et nous voici partis pour Guéret.

4ème indice : Le trajet est gratis car le chauffeur ne doit pas avoir de contact avec les voyageurs à moins d’un mètre. On arrive à Guéret pratiquement dans les temps pour avoir l’autre bus ou un train qui va à Felletin ?

5ème indice : Il apparaît qu’il n’existe pas de bus en correspondance, pas plus que le train annoncé à Limoges. Cependant, un bus qui semble moins virtuel du fait qu'il est le seul doit arriver une heure plus tard.

6ème indice : Dans la gare de Guéret, il y a deux guichets, un pour les bus de l’agglo de Guéret, et l’autre pour les bus comme le mien et les trains. Je veux profiter de tout ce temps pour aller aux toilettes, ce que je n’ai pas fait de la journée, mais les toilettes sont fermées, le guichet trains me renseigne ; la femme de ménage est partie avec la clé, j’aurais pu aller au café en face, mais pour répondre aux consignes gouvernementales il est fermé ce jour. Bon.

7ème indice : J’appelle le numéro des taxis pour voir si je fais l’effort de m’en payer un plutôt que de déranger Laurence : le prix de la course est de 110 euros !

8ème indice : j’attends le bus en mettant en œuvre des pratiques magiques de circuits dans la salle de la gare pour faire que le bus arrive. Ça marche !

8 indices pour me faire croire que cette journée va être pourrie, mais pas un instant je n’ai perdu le moral !

Le bus arrive, et tout va bien jusqu’à Felletin. Ma voiture est toujours là et elle démarre, je fais quelques courses rapidement, je prends de l’essence (c’est idiot on ne peut plus circuler!) et j’arrive à Magnat L’Etrange. Le temps de décharger la voiture, il est 19h00 cela fait plus de 13h que j’ai quitté la maison. Il ne fait pas trop froid dans la maison : 11°

Un constat, s’il y a bien un endroit où l’on peut réduire ses relations sociales à leur strict minimum, c’est la Creuse.

2éme constat : seul hic c’est que Djamel est resté à Nanterre… mais c’est la seule liberté qui nous reste, savoir où on veut être confiné !


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