confinement semaine 7 jour 2
C’est une bestiole hirsute et mal élevée, qui a toujours son mot à dire sur tout. C’est une vraie bestiole mais elle est invisible. Je réussis à la localiser au son de sa voix , car c’est un vrai moulin à parole et elle n’arrête pas ces jours-ci de chantonner comme un slameur. Cette bestiole est horribe et elle me poursuit de pièces en pièces avec ce refrain :
« grâce au virus, grâce au virus,
vous êtes tous isolés, anesthésiés,
vous avez peur, vous vous terrez,
durant ce temps on fait passer,
lois d’exception, décrets d’urgence,
qui vous isole chacun chez soi,
interdiction de déplacement, interdiction de réunion,
sauf si vous travaillez pour la patrie,
allons-enfants nous sommes en guerre !
Au gouvernement les gestes barrières
dix à douze fois par jour, on s’en lave les mains, on s’en lave les mains
mais tout ça n’est pas leur faute, c’est le virus, c’est le virus,
on serait bien bête de n’pas en profiter !
On avait tout bien préparé, déglingué le climat,
dézingué l’hôpital, délocaliser l’industrie,
reprenant la main sur tout, neutralisant
maires et départements,
gouvernant par la peur, enseignement de l’entreprise,
on saute d’une contradiction à une autre, on sort de prison
ceux pour qui on n’avait pas eu d’autre solution,
On déconfine en premier les bébés
il faut que tout le monde ait un masque,
Mais il n’est pas gênant de n’en pas porter,
si vous êtes chauffeurs, les livreurs, les caissières,
grâce au virus, grâce au virus,
plus de problème de financement de la retraite,
avec tous ces vieux qui se prenaient pour des jeunes,
grâce au virus, grâce au virus,
vous demandez la permission pour sortir de chez vous,
et si tu désobéis, ta légèreté sera lourdement punie,
pour demain on prévoit encore mieux, si tu es malade,
tu seras incarcéré, chez toi ou à l’hotel.
Surveillé, isolé, tu vis dans un invisible panopticon ;
il n’y a plus de controverse,
intérieurement tu adresses des prières à Michel Foucault,
F. Nietzche, ou G.Perrec,
tandis que la radio nous envoie le docteur LF Céline, ou Houellebecq,
on nous chante une berceuse à l’insu du grand Hugo, Victor de son prénom.
grâce au virus, grâce au virus,
vous vous inqietez de la santé de vos voisins,
vous avez dû laissez vos aïeux mourir seuls,
vous avez dû retirer vos enfants de l’école,
vous rêvez de vivre au moyen-âge
grâce au virus, grâce au virus,
confiné, vous devenez cons finement.
grâce au virus, grâce au virus…
je vous avais prévenu que la bestiole est horrible et elle critique, critique, alors que nous on ne peut pas critiquer un virus couronné, on ne peut pas !
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