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Photo du rédacteurMCBA

confinement semaine 7 jour 3

Bon j’ai accroché ma bestiole hirsute, qui sape le moral de tout le monde, au porte manteau pour qu’elle sèche. Elle a couru dehors toute la journée, elle est revenue trempée, car il a pl

u toute cette journée. D’ailleurs, le récupérateur d’eau est plein, pas de risque qu’il fasse une escapade sur la chaussée. Peu de temps ce soir je voudrais avancer encore un peu vers la fin de mon livre sur les verdures. Juste le début d’un poème ce Michaux (oui, j’ai décidé de parcourir en papillonnant un livre par jour de ma bibliothèque – je suis dans le rayon poésie).

« J’étais autrefois très nerveux. Me voici sur une nouvelle voie. Je mets une pomme sur ma table. Puis je me mets dans cette pomme. Quelle tranquillité ! »

Photo du rédacteurMCBA

confinement semaine 7 jour 2

C’est une bestiole hirsute et mal élevée, qui a toujours son mot à dire sur tout. C’est une vraie bestiole mais elle est invisible. Je réussis à la localiser au son de sa voix , car c’est un vrai moulin à parole et elle n’arrête pas ces jours-ci de chantonner comme un slameur. Cette bestiole est horribe et elle me poursuit de pièces en pièces avec ce refrain :

« grâce au virus, grâce au virus,

vous êtes tous isolés, anesthésiés,

vous avez peur, vous vous terrez,

durant ce temps on fait passer,

lois d’exception, décrets d’urgence,

qui vous isole chacun chez soi,

interdiction de déplacement, interdiction de réunion,

sauf si vous travaillez pour la patrie,

allons-enfants nous sommes en guerre !

Au gouvernement les gestes barrières

dix à douze fois par jour, on s’en lave les mains, on s’en lave les mains

mais tout ça n’est pas leur faute, c’est le virus, c’est le virus,

on serait bien bête de n’pas en profiter !

On avait tout bien préparé, déglingué le climat,

dézingué l’hôpital, délocaliser l’industrie,

reprenant la main sur tout, neutralisant

maires et départements,

gouvernant par la peur, enseignement de l’entreprise,

on saute d’une contradiction à une autre, on sort de prison

ceux pour qui on n’avait pas eu d’autre solution,

On déconfine en premier les bébés

il faut que tout le monde ait un masque,

Mais il n’est pas gênant de n’en pas porter,

si vous êtes chauffeurs, les livreurs, les caissières,

grâce au virus, grâce au virus,

plus de problème de financement de la retraite,

avec tous ces vieux qui se prenaient pour des jeunes,

grâce au virus, grâce au virus,

vous demandez la permission pour sortir de chez vous,

et si tu désobéis, ta légèreté sera lourdement punie,

pour demain on prévoit encore mieux, si tu es malade,

tu seras incarcéré, chez toi ou à l’hotel.

Surveillé, isolé, tu vis dans un invisible panopticon ;

il n’y a plus de controverse,

intérieurement tu adresses des prières à Michel Foucault,

F. Nietzche, ou G.Perrec,

tandis que la radio nous envoie le docteur LF Céline, ou Houellebecq,

on nous chante une berceuse à l’insu du grand Hugo, Victor de son prénom.

grâce au virus, grâce au virus,

vous vous inqietez de la santé de vos voisins,

vous avez dû laissez vos aïeux mourir seuls,

vous avez dû retirer vos enfants de l’école,

vous rêvez de vivre au moyen-âge

grâce au virus, grâce au virus,

confiné, vous devenez cons finement.


grâce au virus, grâce au virus…

je vous avais prévenu que la bestiole est horrible et elle critique, critique, alors que nous on ne peut pas critiquer un virus couronné, on ne peut pas !

Photo du rédacteurMCBA

confinement semaine 7 jour 1

Et basta ! J’ai toujours rêvé d’écrire un texte où toutes les phrases commenceraient par « c’que j’voulais dire, c’est que… » , et je ne le dirais jamais.

C’Que j’voulais dire, c’est : n’approchez pas Mesdames et Messieurs, les artistes de cirque, de théâtre et autres arts de l'éphémère font pour vous des miracles sont confinés, les miracles sont confinés, la beauté est confinée, l’émotion est confinée, et basta !

C’Que j’voulais dire, c’est qu’exister c’est « ister » (se tenir debout) ex (dehors). Exister, c’est être dehors on ne peut pas exister dedans durablement. On est dans une sorte de somnolence existentielle qui nous sert à ne même pas faire l’effort de savoir ce qu’on voudrait.

C’Que j’voulais dire, c’est poser fortement la question : en quoi arrêter de vivre nous épargnerait de mourir ?

C’Que j’voulais dire, c’est ; pourquoi Renault a le droit de dé-confiner et moi pas ? D’ailleurs qui serait assez stupide pour acheter une voiture alors qu’on ne peut plus s’en servir ?

C’Que j’voulais dire, c’est quelqu

es vérités empruntées à Pierre Albert-Birot :

« Espérer, c’est marcher sur une boule »

« S’ennuyer comme statue dans un parc »

« Ralentissez, n’écrasez pas les paysages, merci. »

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